
Dysfonctionnement mécanique
J'ai une information très simple et très intéressante pour vous et qui concerne votre corps. Elle va probablement vous ouvrir les yeux. Il s'agit en fait d'un principe fondamental de la santé fonctionnelle : votre corps fonctionne mieux lorsqu'il travaille comme il est censé le faire.
Oui, c'est tout. Je vous avais prévenu que c'était simple.
Mais ne vous y trompez pas. Derrière cette simplicité se cachent des implications éminemment importantes. C'est principalement ce qui explique pourquoi et comment surviennent la plupart des affections douloureuses et des blessures (mis à part les traumatismes). Et surtout, ce principe fournit une base logique concernant la façon de réparer ou, encore mieux, d'éviter de tels problèmes.
Votre corps est une machine
Tout d'abord, pour mieux expliquer l'idée générale, il faut comprendre que votre corps est essentiellement un équipement mécanique. Avec une machine-type, les pannes sont généralement le résultat d'une défaillance de certains constituants, d'une mauvaise utilisation et/ou d'une maintenance lacunaire et insuffisante, n'est-ce pas ? Eh bien, il en va de même pour votre corps, pour lequel la douleur et les blessures (autrement dit, les pannes) résultent directement de constituants défaillants, d'une surutilisation, ou d'un manque de maintenance (par exemple, l'effort physique). Si l'on replace donc cette idée dans son contexte, dire qu'un mauvais fonctionnement finit par entraîner une panne n'est pas si radical que cela. Ce qui est radical en revanche, c'est de prendre conscience que ce concept s'applique tout autant à votre corps qu'aux machines.
Les conséquences d'un dysfonctionnement mécanique
En pensant à la façon si complexe dont votre corps est conçu, il n'est pas aberrant de dire que le fait de s'écarter un tant soit peu des principes qui régissent une si belle mécanique n'est pas sans conséquences. Ces conséquences se réduisent principalement à deux choses : moins d'efficacité et davantage de risques de se blesser.
« Moins d'efficacité » signifie qu'une plus grande quantité d'énergie est requise pour effectuer le même mouvement. Marcher avec des béquilles en est un parfait exemple. Lorsque vous vous cassez la jambe (ce qui revient à avoir une pièce qui fonctionne mal), vous devez marcher avec des béquilles (c'est-à-dire fonctionner d'une façon contraire à celle dont est censé fonctionner votre corps), ce qui requiert beaucoup plus d'énergie que de marcher normalement (c'est-à-dire moins efficace). (Pour ceux que je n'ai pas perdus en route, marcher avec des béquilles nécessite 2 à 3 fois plus d'énergie ! Pas étonnant que vous commenciez à transpirer alors que vous n'avez fait que vous déplacer de la cuisine au salon...)
Pour ce qui est de la deuxième conséquence, une personne marchant avec des béquilles court également un plus grand risque de se blesser. Cette personne est susceptible de développer une douleur musculaire à cause de l'effort supérieur exigé et des problèmes au genou en raison de la pression accrue exercée sur la jambe saine du fait des sautillements. Une autre éventualité est que cette personne tombe du fait de l'équilibre précaire induit par les béquilles. La conclusion qui s'impose est que lorsque les choses ne fonctionnent pas normalement, le corps est plus en proie aux blessures.
Et le dysfonctionnement ne doit pas nécessairement être aussi visible qu'une jambe cassée pour prêter à conséquence. Essayer de courir avec un ischio-jambier froissé, se brosser les cheveux avec une épaule bloquée ou marcher avec une hanche arthritique sont des tâches qui sont toutes plus difficiles à effectuer que si le corps fonctionnait normalement. Et le risque est plus grand d'aggraver la blessure au niveau de ces parties qui fonctionnent mal, ou d'avoir d'autres blessures à d'autres endroits. Tout ce qui sort du cadre d'un fonctionnement « normal » demande davantage d'efforts et augmente les probabilités de blessure.
Évidemment, la gravité des conséquences d'un dysfonctionnement varie en fonction du degré de ce dysfonctionnement, mais le principe de base se vérifie dans tous les cas : votre corps fonctionne le mieux lorsqu'il a la possibilité d'accomplir des tâches telles qu'il est censé les accomplir. Le corollaire naturel de ce principe est bien sûr que lorsque votre corps ne peut pas fonctionner comme il est censé le faire, les soucis vous attendent au tournant.
C'est bon à savoir, mais alors que faire de ce principe ?
Ces informations enrichissent certes le débat, la question la plus importante est de savoir en quoi elles peuvent vous être utiles. Heureusement (ou peut-être malheureusement…), ces informations sont très pratiques car le dysfonctionnement d'ordre physique est responsable de la plupart des douleurs au dos, au cou, au coude, au genou et aux articulations, sans oublier les entorses à la cheville et toute autre maladie physique. La liste des affections dues à un mauvais fonctionnement est presque sans fin. Malheureusement, ce n'est pas le cas de cet article… Je vais donc simplement vous proposer un exemple qui illustre les applications du principe cité plus haut. Prenez les douleurs du bas du dos.
S'il est naturel de supposer que les douleurs au bas du dos indiquent qu'il y a un problème dans cette région du corps, les choses sont rarement aussi simples dans la réalité (cela faciliterait bien des choses si tel était le cas !). Toujours selon notre principe de santé fonctionnelle, les douleurs au bas du dos sont presque toujours le résultat d'un mauvais fonctionnement du corps. Le hic, c'est que le dysfonctionnement se trouve ailleurs qu'au bas du dos.
Par exemple, si vos hanches n'effectuent pas une bonne rotation (en raison d'une arthrose, d'une rigidité musculaire, de douleurs, etc.), alors la partie lombaire (basse) de votre colonne vertébrale doit prendre la relève et effectuer une rotation plus marquée pour réaliser le mouvement que vous désirez. Mais la partie lombaire de la colonne vertébrale n'est pas vraiment conçue pour effectuer des rotations, contrairement à vos hanches. Cela entraîne une pression qui n'a pas lieu d'être sur la colonne vertébrale, ce qui finit par provoquer des blessures. Que cette blessure prenne la forme d'une hernie discale, d'une irritation des facettes articulaires ou d'une douleur musculaire, la cause de cette blessure n'est pas à chercher au niveau du dos : ce sont les hanches qui ne fonctionnaient pas normalement. En d'autres termes, la blessure est survenue parce que votre corps n'était pas en mesure de fonctionner comme il est censé le faire. (Ce qui implique un autre corollaire à notre principe : la partie douloureuse abrite rarement le véritable problème. Mais laissons cela pour un autre article)
Comme vous pouvez l'imaginer, ce concept général est particulièrement important lorsqu'il s'agit de traiter une affection comme la douleur lombaire. Et cela explique pourquoi les traitements qui visent uniquement le dos (renforcement du dos, injections épidurales, et même la chirurgie du disque) constituent rarement des solutions à long terme. Ces procédures aideront peut-être à contrôler les symptômes pendant un certain temps, mais puisque que le problème sous-jacent persiste, les douleurs referont leur apparition jusqu'à ce que le dysfonctionnement qui en est la cause soit identifié et corrigé.
S'il est souvent nécessaire de recourir à un professionnel pour cerner les détails précis d'un dysfonctionnement physique complexe, il existe des règles d'or simples mais utiles qu'il faut garder à l'esprit :
- Le coupable est souvent à chercher au niveau de l'articulation située directement au-dessus ou au-dessous de la douleur.
Dans le cas des douleurs au bas du dos, intéressez-vous à la façon dont fonctionnent vos hanches et votre colonne dorsale. Si l'une ou l'autre sont limitées dans leur mouvement (par un manque de souplesse, une douleur ou autre chose), vous aurez là un bon point de départ. De même, si vous avez développé des douleurs au niveau du coude, vous feriez mieux de regarder du côté de votre épaule (ex : mouvement limité, faiblesse musculaire autour de l'omoplate).
Cela ne veut pas dire que le dysfonctionnement intervient uniquement au niveau de l'articulation située plus haut (ou plus bas) - un tronc faible ou même une hanche douloureuse peuvent participer au développement d'une douleur au coude - mais il est quasiment certain que les articulations les plus proches sont en cause.
- Mais plus le dysfonctionnement persiste dans le temps, plus il fait de dégâts
Ainsi, une douleur à l'épaule apparue récemment sera souvent un problème isolé. En revanche, plus elle persiste, plus votre corps essaiera de compenser, et plus elle se fera sentir dans d'autres parties du corps. C'est alors que plusieurs articulations commencent à intervenir, de plus en plus loin de la blessure initiale. La façon dont s'opère le dysfonctionnement est ainsi de plus en plus complexe et exige presque toujours une évaluation et une correction de la part d'un médecin.
- Si donc vous êtes conscient d'avoir une partie du corps qui ne fonctionne pas correctement, battez le fer tant qu'il est encore chaud.
La plupart d'entre nous avons tendance à laisser traîner les maux et les douleurs en pensant (ou en espérant) qu'ils disparaîtront d'eux-mêmes. Et souvent, c'est le cas, à condition de ne pas les aggraver. Mais lorsqu'un problème persiste (ex : une douleur musculaire, une cheville douloureuse, une hanche dont le mouvement est limité), assurez-vous de le traiter. Cela permettra non seulement d'améliorer la situation, mais aussi d'éviter l'apparition d'autres problèmes.