Théorie de la croissance musculaire par microtraumatismes
La théorie de la croissance musculaire par microtraumatismes explique que le principal mécanisme intervenant dans l’augmentation du volume de la masse musculaire est le suivant:
1. L’entraînement de résistance avec des poids lourds occasionne plusieurs lésions minuscules au niveau du muscle sollicité
2. La première réaction à la lésion est le catabolisme (dégénérescence du muscle), qui s’accompagne d’une inflammation
3. La dégénérescence musculaire est suivie de l’activation d’un processus de réparation musculaire
4. Les cellules satellites musculo-squelettiques jouent un rôle clé dans la réparation rapide du muscle et contribuent à la croissance musculaire
Notons que la réparation musculaire ne se limite pas à la régénérescence des fibres musculaires (myofibres) mais inclut aussi la revascularisation, la réinnervation et la reconstitution de la matrice extracellulaire.
Un adulte sain a entre 1x1010 et 2x1010 cellules satellites situées entre le sarcolemme et la membrane basale des fibres musculaires complètement différentiées.
Dans des circonstances normales, ces cellules n’ont pas de turnover (aucune nouvelle cellule n’est créée). Lors d’une blessure – y compris la microlésion causée par l’entraînement de résistance – les cellules satellites musculaires commencent à proliférer, à se différencier et à fusionner pour donner de nouvelles myofibres (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12757751, http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14715915 ).
Les nouvelles cellules satellites naissent des cellules souches issues de la moelle osseuse et du muscle dans un processus très semblable à celui de la myogénèse embryonnaire (croissance musculaire chez les embryons).
En utilisant plusieurs marqueurs suivant l’augmentation du nombre de cellules satellites musculaires, il a été prouvé que cet accroissement est très sensible au cours des 24 heures qui suivent l’entraînement de résistance (http://jp.physoc.org/content/588/17/3307.abstract).
La théorie des microtraumatismes considère que les mécanismes décrits ci-dessus sont des facteurs de croissance musculaire plus importants que la stimulation hormonale. Il a été démontré qu’une hypertrophie du muscle induite par un exercice avec poids survient toujours chez des souris qui ont des carences en IGF signalant une désactivation des récepteurs IGF-I (http://jp.physoc.org/content/586/1/283.abstract?ijkey=9ec03f42872ed4d1614c668830c9a5ebc4f60a97&keytype2=tf_ipsecsha ).
En fait, d’autres raisons portent à penser que les facteurs hormonaux qui sont généralement considérés comme dépendants de ou déclenchés par les IGF-I (Insulin-like Growth Factor 1) ne sont pas si déterminants qu’on le pensait (http://jap.physiology.org/content/108/6/1821.full#ref-33 ). La recherche dans ce domaine donne davantage de crédibilité à la théorie des microtraumatismes / cellules satellites.
Critiques
Alors que la théorie des microtraumatismes décrit très précisément les processus qui sous-tendent la croissance musculaire, elle n’explique guère les différences entre les muscles masculins et les muscles féminins qui sont probablement causées par des niveaux différents de testostérone.
Pour dresser un tableau complet de l’augmentation de la masse musculaire chez les humains il apparaît nécessaire d’envisager une combinaison de plusieurs théories.