
Théorie de la croissance musculaire hormonale
Il ne fait aucun doute que certaines hormones et facteurs de croissance influencent de façon certaine la croissance musculaire.
En revanche, la façon exacte dont ces substances affectent les muscles n’est pas parfaitement comprise.
Jusqu’à récemment, l’opinion qui prévalait était que les IGF-I tenaient le rôle principal dans ce mécanisme. Néanmoins, des raisons légitimes permettent de réévaluer cette hypothèse.
Rôle de la testostérone (Cliquez ici pour voir l’article complet sur la testostérone)
Des niveaux accrus de testostérone entraînent une augmentation de la masse musculaire maigre. Il est largement admis que ceci explique le fait que les hommes ont une masse musculaire plus importante que celle des femmes.
Il en va de même pour les différents dérivés de la testostérone, qu’ils interviennent de façon naturelle ou artificielle (ces substances sont connues sous le terme de stéroïdes androgéniques anabolisants ou SAA).
La testostérone est en partie liée à la SHBG (Sex Hormone Binding Globulin – globuline se liant aux hormones sexuelles) qui la rend biologiquement indisponible et transformée en partie en œstradiol et autres œstrogènes par l’ester aromatase (la quantité est négligeable dans des conditions normales mais très significative si la testostérone est administrée de façon exogène).
Environ 7% de la testostérone est transformée en DHT (Dihydrotestostérone), un puissant androgène.
Il est reconnu que la testostérone se lie aux récepteurs d’androgènes (RA) et glucocorticoïdes.
Une augmentation de la masse musculaire induite par la testostérone est associée à une hypertrophie des fibres musculaires de types I et II et à un accroissement du nombre de myonuclei et de cellules satellites. La testostérone favorise la différenciation des cellules mésenchymales et multipotentes en lignée myogénique (muscles) et inhibe leur différenciation en lignée adipogénique (cellules graisseuses). Les androgènes régulent la différenciation des cellules multipotentes mésenchymales par une liaison avec les RA et en favorisant l’association des RA avec la β-caténine et la translocation du complexe RA- β-catenin dans le noyau, ce qui entraîne une activation du facteur de transcription 4 (TCF-4) spécifique aux lymphocytes T. L’activation du TCF-4 module un certain nombre de gènes wnt qui favorisent la différenciation myogénique et inhibe la différenciation adipogénique (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2072878/).
La testostérone occupe également les récepteurs glucocorticoïdes sans les activer. Cela peut avoir son influence puisque les glucocorticoïdes induisent normalement une forte réaction catabolique.
Certains chercheurs estiment que ce mécanisme peut induire les puissants effets anti-cataboliques de la testostérone. Cependant, cela voudrait dire que d’autres substances qui occupent aussi les récepteurs glucocorticoïdes auront les mêmes effets anabolisants.
Ce n’est pas le cas – la DHEA, par exemple, fait partie de ces substances mais ses effets anabolisants sur les sujets jeunes sont négligeables, voire inexistants.
De nombreuses preuves indiquent que la testostérone et la DHT induisent la croissance musculaire en stimulant les récepteurs d’androgènes (RA). Les exercices de résistance augmentent la concentration en RA dans les muscles squelettiques (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21070797 ). Une équipe japonaise menée par Kazuo a essayé de bloquer les récepteurs RA avec de l’oxendolone (antagoniste des RA), et les résultats ont été clairs : une croissance musculaire beaucoup plus faible chez les rats dont les RA ont été bloqués malgré une stimulation musculaire qui a entraîné une croissance musculaire chez un groupe témoin (http://www.springerlink.com/content/l651840550t56gm3/).
Effets de l’hormone de croissance sur la croissance musculaire (cf. article détaillé sur l’hormone de croissance)
Un grand nombre de bodybuilders (ainsi que certains professionnels de la médecine) pensent qu’un apport en hormone de croissance entraîne une croissance musculaire chez les individus normaux. Cette idée est erronée et a été réfutée par de nombreuses études cliniques.
L’hormone de croissance (pour laquelle on utilise l’acronyme HGH ou GH) entraîne une croissance musculaire lorsqu’elle est administrée à des individus qui ont une carence de cette hormone. Elle aide certes à renforcer le tissu conjonctif, mais pas les fibres musculaires.
Ne tombez pas dans le piège – vous trouverez beaucoup d’études scientifiques dont les conclusions indiquent que l’hormone de croissance a un puissant effet anabolisant (en particulier lorsqu’elle est administrée avec de l’insuline). Mais à y regarder de plus près, vous vous apercevrez que les sujets de ces études sont des personnes qui présentent des déficiences hormonales, des personnes âgées, des individus souffrant de malnutrition ou des personnes convalescentes (malades ou blessés).
Facteurs de croissance
Lors du processus de réparation musculaire qui suit la phase catabolique de microlésion, plusieurs facteurs de croissance interviennent localement.
Parmi eux, on compte les facteurs de croissance des fibroblastes (FGF - fibroblast growth factors), les facteurs de croissance des hépatocytes (HGF - hepatocyte growth factor), les facteurs de croissance transformants béta (TGF-betas - transforming growth factor-betas), les facteurs de croissance apparentés à l’insuline (IGF - insulin-like growth factors), les facteurs de nécrose tumorale alpha (TNFalpha – tumour necrosis factors alpha), entre autres facteurs.
Jusqu’à récemment, les IGF et en particulier les IGF-I ont été associés avec l’anabolisme musculaire. Il semble qu’il faille réévaluer cette théorie. Quoi qu’il en soit, on peut affirmer aujourd’hui que plusieurs facteurs de croissance jouent un rôle important dans la croissance de la masse musculaire maigre mais ce rôle doit faire l’objet d’études plus poussées.
Effets de l’insuline sur la croissance musculaire
L’insuline est une hormone sécrétée naturellement chez l’homme par les cellules béta du pancréas. C’est un régulateur déterminant des processus métaboliques : les individus dont l’organisme ne sécrète pas naturellement l’insuline (diabète de type 1) doivent s’injecter cette substance à vie.
L’insuline a un certain nombre d’effets anabolisants et anti-catabolisants :
Diminution de la protéolyse – l’insuline cause une diminution de la transformation des protéines
Augmentation de la synthèse protéique – l’insuline entraîne une absorption des acides aminés en circulation par les cellules
Vascularisation – l’insuline oblige le muscle artériel à se détendre, causant ainsi une augmentation de l’afflux sanguin vers les muscles
Augmentation de la synthèse de glycogènes – l’insuline entraîne un stockage du glucose dans le foie sous la forme de glycogènes
Bien que l’insuline ait une fonction indispensable à la croissance musculaire et à notre survie, les apports exogènes d’insuline figurent parmi les idées les plus déplacées et dangereuses jamais avancées, pratique pourtant proposée par certains bodybuilders.